Biographie

« La voix de Gerry Boulet, c’est comme une veste de cuir qu’on aurait râpée sur l’asphalte pendant 5OO kilomètres », avait qualifié avec justesse Bruno Dostie. Cette voix est celle qui a donné, en marge de tous les mouvements de la chanson, une forme au rock’n roll québécois, inventant son patois et lui provoquant ses crampes d’estomac.

La voix de Gerry Boulet, sur la musique d’Offenbach, a fait hurler à la une tous les assoiffés d’authenticité. Pendant plus de vingt cinq ans, elle a été l’âme du groupe. Malgré les mutations, les modes, les crises, elle a crié ses vérités avec chaleur, avec une intense générosité.

II demeure le dernier de la race des hommes forts, le premier des « machos » sans en avoir jamais connu les règles. Avec sa cuirasse, ses cordes vocales musclées, il a fait trembler de plaisir des milliers de durs. Simplement, sans jamais mettre un mot de trop, il a provoqué des frissons.

A travers toute cette histoire d’Offenbach, il a été le pilier, le dénominateur commun d’une musique « Made in Québec ». Il est au rock ce que René Lévesque est à la politique.

Gerry se comparera toujours à Gerry. Et cette voix pénétrante, profondément envoûtante, continuera à ébrécher le mur du son… Ce n’est pas tous les jours que les jeunes se pressent au Forum pour aller écouter une musique qui ne vient pas des USA ou d’Angleterre. Ce soir-là, il y a quelque chose de cérémonial dans l’air. Peut-être est-ce la fierté d’être québecois. Et pour tous les artistes d’ici, l’exemple est une leçon.

1946
Naissance de Joseph Gaétan Robert Gérald Boulet le 1 mars 1946 à l’hôpital de Saint-Jean-sur-Richelieu. Il passa son enfance au 230 de la rue Cousin, une petite rue du quartier ouvrier, à Saint-Jean-sur-Richelieu au sud-est de Montréal. Gerry est le deuxième enfant d’une famille de 3. Son frère Denis, né le 22 juillet 1944 et sa sœur Diane née le 13 avril 1949. Son père Georges était camionneur et sa mère Charlotte qui vit toujours, gardait des pensionnaires à la maison pour joindre les 2 bouts.

1956
Gerry sentit vers l’âge de dix ans , l’amour de la musique, quant sa mère lui fait prendre des cours. Le frère de sa mère, alors directeur de la fanfare de Saint-Jean-sur-Richelieu, s’occupe des détails. À l’époque, Gerry n’avait pu choisir l’instrument qui lui plairait le plus, on décide pour lui : ce sera la trompette. De dix à seize ans, il apprend la trompette.

1962
Le 6 mars Gerry se fait renvoyer du collège. On prétexte son insubordination en classe de musique. Il mesure sans arrêt ses connaissances avec celles du professeur. Gérald est doué. Ce qui n’a pas l’air de plaire à la nature jalouse et didactique de l’enseignant. Quatre jours plus tard, le 10 mars 62, il est intégré dans l’orchestre de son frère Denis « Les Doubletones ». Le groupe est engagé dans les « showers » et anime les soirées de noces. Avec l’arrivée de Fernand Hébert (Ti-Nègre), au saxophone, on rebaptise la formation « Twistin’Vampires »

1963
Avec l’arrivée de Fernand (Ti-Nègre) Hébert au saxophone, on rebaptise la formation « Twistin Vampires ». Elle décroche son premier engagement à Cowansville.

 1964
Avec le départ de quelques-uns d’entre eux qui veulent des bases plus solides à leur avenir, on change encore une fois de nom et transforme « les Twistin’Vampires » en « Fabulous Kernels ».

 1965
Tous les groupes Québécois reprennent les « Top 40 » dans les version plus ou moins réussies. Les Kernels rencontre Jean-Paul Brodeur, un des premiers de la race des imprésarios. Flairant la bonne affaire, Brodeur irait jusqu’à laisser tomber tous ses groupes (12), pour se concentrer à la bonne marche de l’orchestre. Mais il estime que le nom « Fabulous Kernels » ne les mènera pas très loin. De plus en plus les « Kernels » se rendent comptent de la nécessité d’un gérant. Aussi ils ont envie d’élargir leurs horizons. La réponse ne tarde pas et les « Kernels » s’appellent dorénavant « Les gants blancs ».

 1966
Bruce a quitté les Sultants, « Les Gants Blancs » ont du mal à garder ses musiciens. Un producteur qui commence à se faire connaître dans le milieu, propose à Gerry d’enregistrer seul « Ne mentons pas » et de la présenter à « Jeunesse d’aujourd’hui ». Jamais pourtant il n’avait été question que Gerry se produise sans son groupe. Prudent, l’investigateur n’en avait pas glissé un mot au principal intéressé. Tu sais comment y était le chriss de Tony Roman! Gerry dont le prénom avait été transformé en Géraldo suite à une illumination de Tony Roman, fut coincé et se présenta comme prévu à l’enregistrement « live » de « Jeunesse ».

 » Y m’avait fait des menaces, ce tabarnack là. Si tu viens pas, je te barre partout »

Gerry qui avait bien envie de jouer un jour à Montréal, avait fait cette concession. Mais, inutile de préciser que l’association Gérald Boulet – Tony Roman se termina aussitôt l’émission retransmise dans tous les foyers du Québec.

 1967
Et ça continue
Les Gants Blancs se considèrent assez murs pour composer. Quelques pièces anglophones viennent s’ajouter à leurs interprétations. Ils ont en tête l’idée d’un album concept, comme Led Zeppelin.


 1968
Le 24 juin Gerry épousa Denise Croteau, à l’église Saint-Martyrs Canadien de Victoriaville. Denise était enceinte de Justin, à qui elle donna naissance le 12 novembre.

 

 

 

 1969
La mescaline, la métadrine, l’acide, le haschisch, la marijuana n’ont plus de secret pour eux. Ils sont gelés comme des balles. Les « Gants Blancs » ça commence à faire… La mode est au psychédélisme. Denis, Gérald, Willie et Johnny ne sont plus blancs du tout!

On décide de changé le nom du groupe pour Offenbach SOAP OPéRA. Jacques Offenbach avait fait danser les femmes du temps des « gaietés parisiennes ». Le groupe les faisait danser depuis quelques années. « Mon père aimait Bach et ma mère était off… », répétait aussi Gerry à tous ceux qui se posaient la question: Pourquoi le nom Offenbach? Cette appellation avait aussi l’avantage de se plier à toutes les exigences du bilinguisme.

 1970
Rencontre avec Pierre Harel par l’entremise d’un nouveau gérant Lucien Ménard, les musiciens d’Offenbach rencontrent l’intellectuel, un peu cinéaste, un peu poète, un peu musicien Pierre Harel. « C’est un moyen numéro, lance Gerry,  » un sneaker ». Tous les deux travaillent sur le film « Bulldozer ». Lucien Ménard est régisseur, Pierre Harel réalisateur. Denis, Gerry, Willy, Johnny, acceptent d’intégrer Pierre Harel dans leurs rangs.  » Les mauvais garçons  » sont maintenant cinq. Plus on est de fous plus on rit.

That’s why, that’s why… de Gerry devient l’aut’e soir, l’aut’e soir.

1971
En juin 1971, paraît l’album OFFENBACH SOAP OPÉRA qui contient les succès Câline de blues et Faut que j’me pousse.

 1972
Le 30 novembre, une marée de jeunes montent les marches de l’Oratoire, pour aller assister à la messe des morts avec Offenbach bien sur. Tout le monde est là, papa, maman, ma tante, mon oncle, fiston, et les mordus du rock et tous ceux qui attendent d’être témoin de la défaillance qui leur permettra de crier au sacrilège.

II y en a même, selon les souvenirs de Gerry, qui ont des bouteilles de bière vides entre les mains.

 1973
À l’automne 1973, tout le monde a traversé l’Atlantique. Le Québec, jusqu’ici, a aimé Offenbach par intermittences, l’a boudé et ignoré. L’aventure, de toute façon , ne peut qu’être enrichissante.

Offenbach travaille sur la musique du film Bulldozer de Pierre Harel. Le cinéaste français Claude Faraldo leur offre d’effectuer une tournée européenne qui deviendrait le sujet d’un film. Le groupe s’installe donc en banlieue de Paris à l’automne 1973, et pendant six mois, ils se font filmer dans leur quotidien par une équipe qui les suit partout. 48 heures de pellicule ont coûté huit cent mille dollars ($800,000). Le long métrage présenté au ciné ma Hautefeuille est diffusé en quadriphonie. C’est la première fois au monde qu’un ciné à utilisé cette technique sonore des plus révolutionnaires.

 1974
Le soir du 30 janvier, Gerry, Willie, Wéso, Johnny arrivent à la première, habillés du même jeans et du même blouson qu’ils portaient le matin. Le film ne sors qu’en 1994 au Québec, à cause d’un manque de fonds.

1975
Lorsqu’ Offenbach revient au Québec au printemps 1975, ils effectuent une tournée avec Aut’chose et fait salle comble à la Place de Arts de Montréal.

 1976
Sortie de l’album Never Too Tender, un premier album en anglais qui sera un échec mais qui leurs permettront de faire la tournée des clubs en Ontario.

 1977
Le public accueille cependant avec enthousiasme un nouvel album éponyme contenant les chansons: La voix que j’ai, Chu un rocker et le blues me guette. Survient ensuite l’éclatement du groupe: Michel Lamothe et Roger Berval vont rejoindre Pierre Harel qui est entrain de former Corbeau. Le batteur Pierre Lavoie, le bassiste Norman Kerr et le guitariste Jean Miller joignent alors Offenbach, mais Millaire décide plus tard d’aller rejoindre Corbeau, tandis que Kerr, lui ne veut pas faire de tournée. Breen LeBoeuf et Doug McCaskill prennent la relève, ce dernier étant bientôt remplacé par John McGale. Offenbach repart en tournée, au Québec et en Ontario.

 1978
Le groupe enregistre l’album Traversion, qui comporte les succès: Deux autres bières, Mes blues passent pus dans porte, Ayoye, Je l’sais ben, pour ne nommé que ceux la, et part en tournée, au Québec et en Europe.

 

1979
Enregistrement au théatre Saint-Denis du spectacle En Fusion avec Vic Vogel.

L’album Traversion remporte le Félix de l’album rock au Gala de L’ADISQ

1980
Le 3 avril, Offenbach attire 10,000 personnes aux coins des rues Sainte-Catherine et Atwater. Ironiquement, ce même soir au Théâtre Saint-Denis, Bob Dylan le maître, débute une série de trois spectacles. Offenbach devient le premier groupe québécois à se produire au Forum de Montréal.

Gala de l’ADISQ, Félix Groupe de l’année, microsillon de l’année – Rock pour Offenbach en fusion, Félix Spectacle de l’année pour Offenbach au Forum.
Un deuxième disque anglais « Rock Bottom » illustré par les cinq « Offenbach » réunis dans une cave miteuse.  Cet album sort simultanément en France et au Canada. Après avoir connu une saison fort occupée, les gars repartent en France pour veiller à la promotion de l’album.

1981
Naissance du 2e enfants avec Denise, Marianne née le 19 juin.

Quelques mois plus tard, selon ses habitudes, Offenbach réalise un album francophone « Coup de Foudre » que la critique encensera. La sortie de ce microsillon est rapidement suivie par l’annonce d’une importante tournée en province dont le point culminant aura lieu encore une fois au Forum. Joe Cocker, les plus vieux s’en souviennent, était la lui aussi. Mais cette tournée demeure l’un des plus beaux « trips » du début des années ’80.

La tournée Québec-Rock amène dans sa caravane Garolou, Zachary Richard et Offenbach. Ceux-ci arcourent 700 km, sont appuyé par une organisation huilée qui transporte de ville en ville 200,000 watts de lumière et de son. Cette joyeuse caravane s’arrête dans 23 villes.

Le 4 juin 1981, une foule de hippies, accrochés, preppies, punks composent le drole de public que ramasse Offenbach depuis plus de dix ans. Ils sont plus de 10,000 à connaitre les pièces de « Coup de Foudre » par cœur.

 1982
Naissance du 1er enfant avec Françoise Faraldo, Julie née le 28 février.

Offenbach, encore une fois, change de gérant. Après la consécration suprême du Forum, Gerry tient encore une idée géniale. Une tournée dans les clubs de nuit qu’il n’a pas visité depuis plusieurs années. Téléphonant lui-même aux propriétaires de club qui immanquablement croient à une mauvaise blague. Tous ont du mal à s’imaginer ces idoles du rock’n roll dans leurs petites salles.

1983
Depuis « Coup de Foudre », il a rajusté son tir avec violence et passion Pat Martel occupe pleinement la place du gros Bob à la batterie.   Son apport transforme encore l’entité Offenbach. Le disque sort quelques mois avant que la tournee « A fond d’train »démarre. Gerry voyagera avec Plume. Comment n’y avait t’il pas pensé plus tôt! Gerry et Plume, c’est comme les œufs et le bacon, les hot-dogs relish-moutarde, écrit Jean Beaunoyer de la Presse, la rencontre était inévitable. Ils visitent 27 villes et attirent 75,000 personnes. Elle entre en gare au Forum. Plume et Offenbach, les grands-pères du rock’n roll québecois font vibrer les murs du Forum. À son passage dans toute la province, personne n’a osé continuer de ronfler...

1984
Premier disque solo de Gerry: Presque 40 ans de blues. Offenbach ne s’est pas encore séparé, mais Gerry prend lentement ses distances avec le groupe. Période difficile aussi pour ses musiciens, qui poursuivent également leurs carrières de leurs côtés.

1985
Le premier novembre, le groupe OFFENBACH donne son spectacle d’adieu devant une foule en délire au Forum de Montréal.

1986
Gerry commence une tournée dans les bars de la province en quatuor avec son bon vieux chum Johnny Gravel à la guitare, Michel Gélinas au saxophone et le joueur d’harmonica Carl Tremblay venait faire plusieurs chansons dans le spectacle.

1987
Gerry apprend qu’il a le cancer. Des longues séances de traitement débute. Gerry commence la compositions des pièces de Rendez-vous doux.

1988
Sortie de l’album Rendez-vous doux. Gerry donne une série de spectacles et d’apparitions à la télévision, une tournée également qui sera la dernière. Gerry doit annuler des spectacles à cause de la maladie.

1989
Gerry gagne 3 Félix au Gala de l’ADISQ pour émission télé de l’année, microsillon de l’année et spectacle rock de l’année.
Gerry demande le divorce à Denise

1990
Gerry et Françoise se marient
Décès de Gerry  le 18 juillet 1990.
Gala de l’ADISQ – Félix hommage.